Idées reçues sur la BD

Relayé par le blog d'Etienne Davodeau, un article du Monde Diplomatique, du mois de janvier 2010, intitulé "Engouement « populaire » ? Quelques idées reçues sur la bande dessinée".

Son auteur, Xavier Guilbert, s'interroge sur les clichés liés à la BD. Je les liste :

       ** La BD serait destinée aux jeunes de 7 à 77 ans.
Cependant, il est prouvé par une étude du ministère de la culture (voir article d'octobre 2009) que la lecture de BD est une pratique plutôt juvénile, qui diminue largement avec l'âge, alors que cela n'est pas le cas pour les autres genres de livres. A noter enfin que les 35-44 ans gros lecteurs de BD sont largement minoritaires dans leur tranche d'âge et que cela décroît encore ensuite...

       ** La BD touche les couches populaires.
Ce n'est pas si vrai que cela. Les professions intellectuelles supérieures lisent deux fois plus que les ouvriers et employés. Plus le diplôme est élevé, et plus on plébiscite ce genre de lecture. Et contrairement aux idées reçues, plus on lit de livres, et plus on est attirés par la BD.

       ** Le succès commercial est impressionnant.
Pas tellement vrai, comparé aux autres domaines de la culture, qui font plus de chiffre d'affaires. La BD fait vendre 34 millions d'albums par an, lorsque l'industrie du disque écoule, malgré la crise qu'elle connaît, 90 millions de disques, pour un montant d'un milliard d'euros. Les jeux vidéo, avec 42 millions d'exemplaires vendus pour un montant de 1,6 milliard d'euros, sont largement devant. Donc finalement, la BD est un marché relativement mineur.
 
       ** Les mangas relèvent le marché de la bande dessinée.
Les mangas représentent 37 % des ventes, dont la moitié est regroupée dans une petite dizaine de séries. Mais cette vague n'enraye pas la désaffection des français pour la BD (1 français sur 3 est lecteur).

  Lire également en fin d'article du Monde diplomatique les pistes lancées pour que la BD décolle son image de "populaire", alors que finalement ce n'est plus sa situation actuelle :

"Loin de ces tenaces et prétendument bienveillants préjugés, la bande dessinée mérite pourtant d’être considérée pour elle-même. Elle compte des albums grand public, mais aussi des œuvres d’auteur ambitieuses et des aventures éditoriales fragiles, qui contribuent largement à sa richesse. Mais elle souffre de l’absence d’une véritable approche critique, qui pourrait remettre en cause cette image facile et réellement asseoir sa légitimité. « Vouloir défendre la bande dessinée japonaise, ou la bande dessinée en général, note Vincent Bernière, journaliste et éditeur, est un combat d’arrière-garde. » Certains combats ont la vie dure. Le temps est venu de libérer la bande dessinée de ce mythe du « populaire », et de la traiter comme toute création artistique : riche, diverse et capable de nous surprendre."